Les biais cognitifs sont des formes de pensées qui aident les gens à réfléchir plus rapidement, mais ils introduisent souvent des erreurs. Aujourd’hui, nous vous proposons un focus sur quatre biais cognitifs liés à la notion de groupe. Identifier ces biais est la première étape pour les éviter. Ces biais sont fréquents lors de sessions de travail en équipe. Les reconnaître vous aidera à être plus objectif et à prendre de meilleures décisions.
L’effet d’entraînement est la tendance à faire ou à croire des choses, puisque d’autres personnes font ou pensent la même chose. Ce préjugé vous est probablement très familier. En effet, nous sommes confrontés à l’effet d’entraînement depuis notre enfance. Avec le temps, nous en sommes de plus en plus affectés.
Cet effet est lié à la pensée de groupe et au comportement grégaire que nous abordons plus loin dans cet article. En voici quelques exemples.
Lorsqu’un grand nombre de personnes adopte un certain type de régime à la mode, de plus en plus de personnes sont susceptibles d’essayer ce régime eux-mêmes.
Les gens sont plus susceptibles de voter pour le candidat qu’ils pensent gagnant, bien que ce ne soit pas forcément celui qui reflète le plus leurs convictions profondes.
De nombreuses personnes commencent à porter un style vestimentaire particulier lorsqu’elles constatent que d’autres personnes l’adoptent.
Lorsque de plus en plus de personne écoutent une chanson ou un groupe, il est plus probable que d’autres personnes se mettent à l’écouter.
Plus un réseau social est utilisé, plus il est probable que d’autres personnes commencent à l’utiliser. Par ailleurs, l’effet d’entraînement peut influencer la façon dont les messages sont partagés et les interactions au sein des groupes en ligne.
Le biais de l’information partagée est correspond à la tendance des membres d’un groupe à consacrer plus de temps et d’énergie à discuter des informations que tous connaissent déjà qu’à discuter d’informations connues seulement par certains. Quelques réunions vous reviennent en mémoire ?
Les conséquences néfastes d’une mauvaise prise de décision peuvent survenir lorsque le groupe n’a pas accès aux informations non partagées (profils cachés) pour prendre une décision en connaissance de cause.
Bien qu’une discussion sur des informations non partagées puisse être éclairante, lors de session de travail en équipe, les groupes sont souvent motivés pour discuter d’informations partagées afin de parvenir à un consensus sur un plan d’action. La nature de la discussion entre les membres du groupe permet de déterminer si des préjugés en faveur des informations partagées vont apparaître.
Selon Wittenbaum et al. (2004), les membres sont motivés par l’établissement et le maintien de leur réputation, le resserrement de leurs liens et la compétition pour le succès contre les autres membres du groupe. Par conséquent, les individus ont tendance à être sélectifs lorsqu’ils divulguent des informations à leur groupe de discussion.
Pour éviter de rester dans le consensus sans confronter les différentes connaissances et points de vue de chacun, diverses méthodes sont envisageables :
La technologie peut également offrir le moyen de cataloguer l’information. Ces outils (moteurs de recherche, bases de données, programmes informatiques d’estimation des risques, etc.) permettent de faciliter la communication entre les membres d’une session de travail en équipe, tout en structurant le processus décisionnel du groupe (Hollingshead, 2001).
La pensée collective est un phénomène psychologique qui se produit au sein d’un groupe de personnes dans lequel le désir d’harmonie ou de conformité aboutit à un résultat irrationnel ou dysfonctionnel en matière de prise de décision.
Dans un groupe, la cohésion – ou son désir – peut produire une tendance à s’entendre à tout prix. Ce désir amène le groupe à minimiser les conflits et à parvenir à une décision consensuelle sans évaluation critique.
La pensée de groupe oblige les individus à éviter de soulever des questions controversées ou des solutions alternatives. Il en résulte une perte de créativité individuelle, d’unicité et de pensée indépendante.
On peut ainsi identifier le « groupe interne », qui correspond au groupe de travail en équipe, et le « groupe externe », qui représente une ou plusieurs personnes qui ne sont pas forcément concernées par le travail en question, mais qui pourtant pourraient apporter un regard neuf et des pistes de réflexion alternatives.
La dynamique de groupe dysfonctionnelle du « groupe interne » produit une illusion d’invulnérabilité (une certitude exagérée que la bonne décision a été prise). Ainsi, il surestime considérablement ses propres capacités en matière de prise de décision et sous-estime les capacités des autres (le « groupe externe »).
En outre, la pensée de groupe peut entraîner des actions déshumanisantes à l’encontre du « groupe externe ». Les membres d’un groupe peuvent souvent ressentir une pression de la part de leurs pairs pour « suivre la foule ». La peur de faire des vagues ou la crainte que le fait de s’exprimer affectera la façon dont leurs coéquipiers les perçoivent les poussent à adopter ce type de pensée.
Selon Irving Janis, les groupes de décision ne sont pas nécessairement voués à la pensée de groupe et il a imaginé des moyens de la prévenir :
Le comportement de troupeau est le comportement des individus d’un groupe qui collaborent sans direction centralisée. Ce comportement se produit chez les animaux (les troupeaux, les meutes, les volées d’oiseaux, les bancs de poissons, etc.) ainsi que chez les humains. En effet, les manifestations, les émeutes, les grèves générales, les événements sportifs, les rassemblements religieux, la prise de décision quotidienne, le jugement et la formation d’opinions sont autant de formes d’un comportement grégaire d’origine humaine.
Ce biais cognitif se retrouve dans la prise de décision quotidienne. Des comportements grégaires « bénins » peuvent se produire fréquemment dans les décisions quotidiennes basées sur l’apprentissage à partir des informations des autres. Par exemple, lorsqu’une personne dans la rue décide dans quel restaurant elle va aller dîner.
Supposons que deux restaurants soient attrayants, mais vides parce que c’est le début de la soirée. La personne choisit au hasard le restaurant « A ». Bientôt, un couple arrive dans la même rue, à la recherche d’un endroit pour manger. Ils voient que le restaurant « A » a un client, alors que le restaurant « B » est vide. Ils choisissent donc le « A », parce qu’ils estiment que le fait d’avoir des clients en fait un meilleur choix. D’autres passants ayant fait leur choix de la même manière ce soir-là, le restaurant « A » a fait un meilleur chiffre d’affaires que son voisin. Ce phénomène est également appelé « cascade d’informations ».
Le comportement grégaire est souvent un outil utilisé en marketing. Mis en place correctement, il peut entraîner une augmentation des ventes et des changements dans la structure d’une société. En effet, même si l’incitation financière est un levier d’action fort (par exemple, augmenter le prix du tabac pour en limiter la consommation), l’effet de troupeau est bien plus efficace. Il fait appel à des motivations plus profondes. Pour reprendre l’exemple précédent, une personne sera plus disposée à arrêter de fumer, si tout le monde autour d’elle entreprend cette démarche.
Comme nous le disions plus haut, la première étape est d’identifier ces biais cognitifs. Une fois que l’on voit clairement que le groupe subit leur influence, on commence déjà à prendre du recul. Ainsi on fait les choses de manière plus objective et l’on prend de meilleures décisions lors de session de travail en équipe, mais aussi individuellement. Alors, êtes-vous prêts à ne pas laisser ces biais cognitifs ternir vos réunions ?